Vers un meilleur accès aux soins

À Pont-Péan, l’accès aux soins devient une préoccupation majeure. Face au manque de médecins et à l’inquiétude croissante des habitant·es, les professionnel·les de santé se mobilisent, avec le soutien de la mairie, pour construire une réponse collective. Entre freins à l’installation et pistes d’action, tour d’horizon d’une situation en pleine évolution.

Depuis plusieurs années, la France est confrontée à une pénurie de médecins. Cette situation trouve en partie son origine dans la fermeture du numerus clausus instaurée dans les années 70 pour limiter le nombre d’étudiants en médecine. Si ce dispositif a été assoupli puis supprimé en 2020, avec l’objectif d’augmenter progressivement le nombre de médecins formés, le délai nécessaire à la formation complète d’un praticien (environ dix ans) retarde les effets espérés. Ainsi, aujourd’hui encore, l’accès aux soins reste difficile dans de nombreuses régions.

À cela s’ajoute le principe de liberté d’installation, auquel les médecins, profession libérale, sont attachés. Malgré des propositions gouvernementales successives, mais rejetées par la profession, telles que la suppression de cette liberté ou l’obligation d’exercer quelques jours par semaine dans des zones sous-dotées,les médecins continuent de choisir librement leur lieu d’exercice. Les communes, quant à elles, ne sont pas responsables de cette situation nationale mais tentent localement de trouver des solutions pour garantir un accès équitable aux soins.

Une situation préoccupante à Pont-Péan

À Pont-Péan, habitants et élus constatent les mêmes difficultés que partout ailleurs. Trouver un médecin traitant est devenu un véritable défi. Les délais pour des examens spécialisés (scanners, IRM) s’allongent. La digitalisation via des plateformes comme Doctolib n’arrive plus à compenser la pénurie de professionnels.La situation s’est aggravée avec le départ à la retraite d’un médecin généraliste sans successeur. Le local qu’il occupait a été repris par un ostéopathe, ce qui, en vertu des règles de déontologie médicale, complique l’accueil de nouveaux médecins dans les mêmes locaux. Une inquiétude supplémentaire concerne l’avenir, alors que le départ du Dr Galland est également annoncé.

Des freins à l’installation, mais aussi des dynamiques

Les professionnels de santé identifient plusieurs obstacles à leur installation : rareté de locaux adaptés, difficulté à trouver un logement à proximité, éloignement des structures hospitalières, et isolement professionnel. Pourtant, une dynamique locale existe. Les soignants se sont récemment regroupés au sein d’une SISA (Société Interprofessionnelle de Soins Ambulatoires), témoignant d’une volonté forte de coordination autour d’un projet médical partagé. La mairie de Pont-Péan soutient cette initiative : plusieurs réunions ont eu lieu entre élus et professionnels de santé pour réfléchir aux pistes de structuration d’une offre de soins plus adaptée.

Michel Demolder, maire de Pont-Péan, s’est personnellement impliqué dans ce dossier. Il s’est rendu dans différentes communes pour étudier les solutions mises en place, notamment à Balazé, où le salariat de médecins est expérimenté. Toutefois, il apparaît que ce modèle est difficilement transposable à Pont-Péan : la commune de Balazé, qui ne dispose pas d’école publique, supporte des charges de fonctionnement moindres, ce qui lui permet d’allouer plus de ressources à la santé. De plus, à Balazé, 56 % de la patientèle des médecins salariés provenait d’autres communes avoisinantes.

Pour accompagner ses réflexions, la commune de Pont-Péan a signé une convention avec Office Santé, un opérateur spécialisé dans la création et l’animation de structures de santé pluridisciplinaires. Cet engagement permet d’être conseillé sur les meilleures stratégies à adopter pour favoriser l’installation de nouveaux professionnels et construire, à terme, un projet médical adapté aux besoins locaux.

Un accompagnement territorial à renforcer

Outre l’action municipale, la CPTS (Communauté Professionnelle Territoriale de Santé) et l’ARS (Agence Régionale de Santé) peuent également jouer un rôle déterminant en accompagnant la structuration d’un projet médical collectif. La CPTS peut faciliter la mise en réseau des professionnels, encourager la mutualisation de moyens, et soutenir les démarches administratives.
Certaines communes voisines ont ainsi réussi, avec l’appui de leur CPTS, à créer des maisons de santé pluridisciplinaires dynamiques et attractives. Ces exemples montrent qu’avec un projet médical solide, fondé sur la coopération entre acteurs locaux et partenaires institutionnels, il est possible d’enrayer la spirale du désert médical.

Vers une maison médicale pluridisciplinaire

À Pont-Péan, la réflexion autour d’une maison médicale pluridisciplinaire est bien engagée, même si elle reste à formaliser. Un tel projet permettrait non seulement d’améliorer l’offre de soins, mais aussi de proposer un environnement de travail plus stimulant pour les professionnels de santé, condition essentielle à leur fidélisation.

Reste à lever plusieurs défis : financement, gouvernance partagée. La volonté est néanmoins là, du côté des soignants comme des élus. Face à l’urgence, seule une mobilisation collective et coordonnée permettra d’assurer un accès aux soins pérenne pour l’ensemble des habitants.

Questions à Charlotte ELIE-GOURET, coordinatrice de la SISA (Société Interprofessionnelle de Soins Ambulatoires) de la Mine

Selon vous, quels sont les principaux freins aujourd’hui à l’installation de nouveaux professionnel.les de santé à Pont-Péan ?

L’un des principaux freins à l’installation de nouveaux professionnels de santé est le manque de locaux adaptés. En l’état actuel, la configuration du cabinet limite les possibilités d’accueil de nouveaux professionnels.
Le projet de création d’un pôle de santé permettrait de répondre à cette problématique en offrant des locaux plus adaptés et plus attractifs. La présence d’espaces partagés faciliterait la communication et la coordination entre les différents professionnels de santé, et serait plus adaptés à la venue de professionnels résidant en dehors de la commune (Salle de réunion, salle de pause, bureau pour la coordination).

Un autre frein à l’installation est lié à l’évolution des attentes des jeunes médecins, qui cherchent à mieux concilier vie professionnelle et personnelle. L’idée de s’installer seul en libéral peut faire peur, en raison de la charge administrative, de l’isolement ou encore de l’engagement financier que cela implique.
C’est pourquoi des structures collectives comme les pôles de santé, favorisant le travail en équipe et une organisation plus souple, permettent de rompre l’isolement. Le travail en coordination des professionnels de santé est l’un des premiers facteurs d’attractivité ou de maintien de l’installation de médecins ou de professionnels de santé sur un territoire.

Comment une structure comme la SISA peut-elle collaborer avec des dispositifs tels que la CPTS ou l’ARS, et de quelle manière ce type d’initiative peut-il être soutenu et valorisé ?

À Pont-Péan, les professionnels de santé libéraux se sont d’abord regroupés en association, aboutissant à la création de la Maison de Santé Pluridisciplinaire (MSP) de la Mine, soutenue par l’ARS. Cette MSP multisite rassemble médecins généralistes, infirmiers, orthophonistes, kinésithérapeutes, psychologue et ostéopathe autour d’un projet de santé commun validé par l’ARS et la CPAM. L’objectif est d’améliorer la prise en charge globale des patients, la prévention, la continuité et la coordination des soins.

La MSP fonctionne sous le cadre juridique d’une SISA (Société Interprofessionnelle de Soins Ambulatoires), qui reçoit des financements via un contrat ACI signé avec la CPAM et l’ARS. Ces financements soutiennent diverses actions : prévention, concertations pluriprofessionnelles, ou encore acquisition de logiciels de partage d’informations.
Parallèlement, la CPTS (Communauté Professionnelle Territoriale de Santé) favorise la coordination entre les professionnels de santé du territoire, avec pour missions principales : améliorer l’accès aux soins, assurer le suivi coordonné des patients et promouvoir des actions de prévention. Elle facilite aussi l’orientation des patients vers des médecins disponibles.

La MSP, la CPTS et l’ARS travaillent ainsi en synergie pour inscrire la dynamique de soins de Pont-Péan dans une réponse territoriale cohérente et adaptée aux besoins locaux.

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