Le Tellé retrouve son écosystème et sa biodiversité grâce à des travaux de réhabilitation hydro-morphologique
En Bretagne, les petits ruisseaux forment les grandes rivières. Ainsi sur le bassin versant de la Seiche, 1 000 km de cours d’eau drainent l’ensemble du territoire. D’une superficie de 830 km2 ce bassin versant recueille l’ensemble des précipitations qui convergent par infiltration ou par ruissellement vers une même rivière : La Seiche.
Sur le bassin versant de la Seiche, 80 % des ruisseaux ont fait l’objet de travaux d’artificialisation de leur morphologie lors des remembrements agricoles et des aménagements urbains. Ces travaux correspondent au déplacement, au creusement et à la suppression des sinuosités naturelles d’un cours d’eau. Ces travaux hydrauliques parfois couplés au drainage des parcelles adjacentes ont permis leur mise en culture et leur rectification. En zones urbaines, la gestion des eaux pluviales n’a laissé aucune place aux cours d’eau qui sont pour la plupart enterrés ou fortement approfondis.
Mais pourquoi restaurer ces cours d’eau et les zones humides associées ?
Les cours d’eau dont la morphologie et la végétation des berges est « naturelle » ont une forme et une section d’écoulement qui leur confèrent des fonctionnalités précieuses pour l’eau qui y transite et pour la vie qui s’y trouve.
« Stocker » l’eau sur nos territoires, un enjeu vital
Un cours d’eau en bon état doit pouvoir déborder régulièrement dans sa plaine d’inondation (statistiquement 1 fois tous les 2 ans en plein bord).
Le ralentissement naturel de l’eau par les méandres et par la faible hauteur de berge permet de « maintenir » l’eau sur le territoire en période hivernale. La recharge des eaux souterraines est ainsi assurée et ces dernières pourront alimenter les cours d’eau en période estivale.
En effet, les eaux souterraines sont « le château d’eau » de nos cours d’eau. Elles participent à hauteur de 55 % aux écoulements de l’année des cours d’eau et 100 % l’été. Des études récentes démontrent que le réchauffement climatique va entrainer dans 50 ans une baisse très significative de la recharge des nappes d’eau souterraine de 25 à 30 %, soit le même ordre de grandeur pour les débits moyens des cours d’eau.
Aujourd’hui, en Ille-et-Vilaine, 72 % de l’eau potable provient des eaux de surface et la majorité des agriculteurs (éleveurs, maraichers, arboriculteurs) et des agro-industriels puisent leur eau dans les nappes d’eau souterraine. Contrairement à une idée reçue, la tension sur ces usages indispensables est déjà d’actualité en Ille-et-Vilaine. Ainsi, le département est importateur pour subvenir à ses besoins en eau et les points de prélèvements sont aujourd’hui fortement sollicités. L’équilibre déjà tendu entre les besoins et la production, combiné à une raréfaction de la ressource due aux changements climatiques, ne va donc que se fragiliser.
(à gauche) et les « traces » de l’ancien lit naturel (à droite).
Et les inondations dans tout cela ?
70 % du territoire de la Seiche est occupé par les bassins versants de petits ruisseaux. Ainsi leurs débordements naturels dans les prairies ou les zones naturelles permettraient de limiter les risques d’inondation sur les plus grands cours d’eau où se situent la plupart des habitations.
Une « station d’épuration » naturelle
Un cours d’eau en bon état a les capacités d’épurer les polluants comme les nitrates, le phosphore et certaines molécules organiques grâce à ses méandres qui permettent d’alterner des vitesses d’écoulement différentes et au « filtre » que constitue sa végétation en berge.
C’est pourquoi 1 km de cours d’eau en bon état auto épure 10 fois plus qu’1 km de cours d’eau dégradé.
Cette fonctionnalité restaurée doit bien sûr être couplée avec des actions de réduction des différentes sources de polluants.
Un réservoir de biodiversité
Un cours d’eau en bon état va offrir un panel d’habitats au sein de son lit, de ses berges et de ses zones humides adjacentes. De nombreuses espèces y vivent temporairement ou toute l’année. En Bretagne, malgré leur faible recouvrement de la surface terrestre (5 à 10 %), ces milieux abritent 1/3 des espèces recensées. Le nombre d’espèces par unité de surface, dépasse d’un à deux ordres de grandeur celle des milieux terrestres et marins !
La biodiversité est un capital naturel issu de plusieurs milliards d’années d’évolution, à l’organisation et au fonctionnement d’une extraordinaire complexité. Ainsi, l’écosystème d’un ruisseau restauré retrouve un équilibre au bout de 7 ans environ après les travaux.
Les actions depuis 2019 sur la commune de Pont-Péan
Les 7 intercommunalités qui couvrent le territoire du bassin versant de la Seiche, dont Rennes Métropole, se sont regroupées pour adhérer au Syndicat Mixte du Bassin Versant de La Seiche. Ce syndicat a pour objectif d’engager des actions avec les acteurs locaux pour l’amélioration de la qualité et de la quantité de l’eau de nos cours d’eau et de la biodiversité des milieux aquatiques.
La commune de Pont-Péan se situe sur le bassin versant du Tellé où s’écoule 24 km de ruisseaux drainant une surface de 18 km². Les premières sources débutent sur les hauteurs situées à l’est de Laillé, au nord de l’Hermitière et à l’ouest d’Orgères dont les écoulements convergent vers la commune de Pont-Péan pour finir leurs courses en rive gauche de la Seiche.
Sur le bassin versant du Tellé, 70 % des cours d’eau (17 km) ont connu d’importantes modifications de leur tracé d’origine. Ces travaux hydrauliques se sont déroulés principalement lors de l’exploitation des mines de plomb de Pont-Péan et des aménagements urbains. Les sinuosités naturelles du cours d’eau appelées « méandres » ont été coupées et le lit du cours d’eau creusé et élargi. Certains tronçons ont également étés endigués.
Par conséquent, ces modifications ont fortement perturbé les fonctionnalités naturelles du cours d’eau, comme ses capacités d’épuration de l’eau, ainsi que son rôle écologique (biodiversité) et hydrologique (soutien des débits l’été et expansion des crues l’hiver).
Depuis 2019, ce bassin versant fait l’objet d’une attention particulière, en effet, l’objectif fixé par la Directive Cadre européenne sur l’Eau, est d’atteindre le bon état écologique d’ici 2027 sur ce cours d’eau.
Pour ce faire, le Syndicat de la Seiche met en œuvre un programme ambitieux de travaux de restauration pour une durée de 6 ans. Depuis 2019, 1,2 km de cours d’eau ont ainsi été réhabilités.
Localisation des sites et description des travaux prévus en 2021
Les travaux de restauration se situent sur des parcelles privées et communales sur le cours d’eau du Tellé et quatre de ses affluents. Ce projet s’étend sur un total de 3 000 mètres linéaires de cours d’eau ; c’est le projet le plus ambitieux du Syndicat du bassin versant de la Seiche depuis 2012.
Ces cours d’eau ont des hauteurs de berge très importantes et un lit rectiligne avec des écoulements homogènes.
La diversité des habitats aquatiques y est très faible et les capacités d’auto-épuration quasi inexistantes.
Des études topographiques du terrain et d’anciens plans cadastraux ont permis d’identifier l’emplacement du lit d’origine de ces cours d’eau. Les méandres vont ainsi pouvoir être reconstitués dans leur fond de vallée dans un lit dimensionné pour un fonctionnement équilibré et naturel. Au fil des crues et avec la croissance des arbres en rive, les alternances de vitesse de courant (trous d’eau, courants rapides…) et les habitats aquatiques vont apparaitre et se renforcer avec le temps.
Ces travaux permettront d’obtenir 375 m linéaires de cours d’eau supplémentaires et une remontée de la ligne d’eau de 30 à 60 cm.
Ces travaux sont financés à hauteur de 50 % par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne, 30 % par le Conseil Départemental d’Ille-et-Vilaine et 20 % par le Syndicat de la Seiche.
Article fourni par le Syndicat du Bassin Versant de la Seiche